En 2021 à l’occasion d’une commande photo pour Le Mouvement Associatif Occitanie et Toulouse Métropole, j’ai découvert un lieu qui venait d’ouvrir à Toulouse, le Café & Co, une association créée en mars 2022 par un groupe de jeunes adultes en situation de handicap et des éducateurs spécialisés dans l’insertion professionnelle.

Ce lieu, composé d’un espace café, d’une radio et d’un espace formation, est un lieu de vie créé pour répondre aux besoins des jeunes adultes en situation de handicap pour leur permettre de sortir de l’isolement. L’énergie, l’humanité et la fraternité qui s’en dégagent m’ont inspiré ce projet.
En fréquentant ce lieu, j’ai pris conscience de mes appréhensions, de ma gêne face aux personnes en situation de handicap, de mes maladresses face à mes ignorances sur la réalité quotidienne vécue par ces personnes que je rencontrais. Pourquoi ? Mais parce que je ne connaissais rien de leur réalité de vie, ou presque rien. Je me suis sentie ignorante et manquant de savoir-être.
Mon projet photographique « Photographier le handicap » répond donc avant tout à une quête personnelle, mais également un projet de contribution à une société plus informée, plus ouverte, une société inclusive, à travers mes témoignages et reportages et portraits.
Il est composé de deux séries, Portraits sensibles et Résiliences.

Résiliences.
Immergée dans le quotidien de personnes en situation de handicap, je témoigne pour raconter et sensibiliser la société sur la question du handicap. Je m’attache à l’importance des liens humains, familiaux, amicaux ou professionnels (aidants et soignants), ainsi qu’aux moyens de compensation mis en place pour pallier aux incapacités. Cette série que j’ai appelée « Résiliences » a été initiée en mai 2025, dans le cadre d’un workshop en Arles avec Jane Evelyn Atwood. Je le poursuis entre Toulouse et la Provence, j’espère avec un regard sensible et humain.

Portraits sensibles, série en cours

Portraits sensibles, série en cours.

Une série de portraits posés – Portraits (com)pensés*
Ces portraits explorent la question de la compréhension des handicaps par la société des « valides » et celle des regards reçus/perçus par les personnes en situation de handicap. Chaque portrait sera accompagné d’un court texte de témoignage recueilli. Cette série parle aussi de la compensation que chacun met en œuvre pour pallier à son handicap. Communiquer et sensibiliser sur les difficultés et conséquences d’un handicap est en soi-même une mesure de compensation. La première photo de cette série est un portrait de Maëva, qui est bègue : son portrait veut sensibiliser à l’importance d’adapter notre écoute à son rythme de parole, lui laisser le temps de s’exprimer. Ce qui m’intéresse est de comprendre et traduire ce que vivent et ressentent les personnes en situation de handicap dans leurs contacts sociaux avec les « valides ».
Je suis portraitiste et photographe documentaire. Formée à l’Ecole Nationale de la Photographie d’Arles, j’ai exercé plusieurs métiers dans le domaine de l‘édition jeunesse avant de me consacrer à la photographie free-lance en 2021.
Au-delà de la commande -et de mon travail de photographe professionnelle spécialisée en portrait et en reportage- la photographie est pour moi un outil de recherche, de rencontre, d’inspiration et d’expression pour comprendre le monde qui m’entoure, pour interagir avec et pour la société dans laquelle je vis. Dans mon travail, il est question de changement et d’adaptation, de confiance en soi, de liens humains, de dépendance et de résilience, dans des sujets de société qui vont de l’enfance à l’économie sociale et solidaire, en passant par la ménopause, le handicap ou la vieillesse. Mon regard veut visibiliser, valoriser, encourager. Et responsabiliser aussi. Si on peut dire de ma photographie qu’elle est sensible, mon regard n’est certes pas dramatique : il s’attarde sur les forces, les espoirs, les joies car il se nourrit de la résilience et du courage de ceux sur qui il se pose. Et les trouve en chacun. Ma photographie est modestement sociale, mon travail de photographe est de rendre visible ce qui ne l’est pas, de mettre en lumière les oubliés, de parler de ce qui ne se voit pas, et, sans mot, de ce qui ne se dit pas.
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