Mystère et tabou
La ménopause, c’est un sujet incontournable pour moi aujourd’hui. Parce que je ne savais quasiment rien sur cette période de vie entourée de mystères et de tabous avant que mon corps ne m’en parle. Rencontrer d’autres femmes et aborder le sujet de la ménopause me permet de comprendre cette étape de changement et d’apprendre à la vivre.. La péri-ménopause, qui précèdent la ménopause est une période déroutante, difficile et enrichissante à la fois : confrontées au temps qui passe et aux changements du corps, à des difficultés et pertes multiples, nous sommes amenées à nous recentrer sur nous-mêmes. Parmi les pertes, considérée généralement comme une bonne nouvelle, l’arrêt des règles. Plus anxiogène, la perte d’une certaine énergie, de vitalité et de désirs d’entreprendre. Il est important d’être à l’écoute de nos corps pour pouvoir modifier rythmes et hygiènes de vie, activités, projets et entrer sereinement dans les prochaines années de vie qui nous attendent (séparation d’avec les enfants, deuil des parents, et apprentissage de la vie de grand parents).
Le projet
On parle peu des règles, désignées sous le nom de « ragnagnas ». On tait nos fausses-couches, on passe sous silence nos IVG, top secret sont nos FIV, et l’homosexualité féminine reste encore parfois difficile à vivre et à dire, trop souvent cachée…. La ménopause, qui concerne intimement pourtant 14 millions de femmes en France fait partie des tabous encore en rigueur. Pour beaucoup de femmes, ce peut être une heureuse libération, mais ce n’est pas toujours une période facile à traverser -période de troubles climatiques intérieurs qui la plupart du temps, les prend par surprise, et peut s’accompagner d’une floppée d’incomplets ou faux diagnostics. L’information circule peu et mal : 80 % des femmes disent ne pas être suffisamment informées sur la ménopause et 1 femme sur trois en cacherait les effets à son compagnon. Côté médical: en cas d’insomnies, de sautes d’humeur, de sensibilité exacerbée, certains généralistes vont suggérer une dépression. En cas d’épaule gelée, il peut être évoqué un « burnout professionnel » … Quant à parler de baisse de libido, de sécheresse vaginale ou de brouillard mental, gêne et honte sont de mise…
La ménopause est communément associée à la vieillesse et entre 45 et 55 ans, nous entrons au royaume des idées reçues, largement véhiculées et supportées par les médias, le cinéma, ou la société en général. La femme ménopausée est stigmatisée « vieillissante », et trouver un boulot, un rôle au cinéma, un compagnon de son âge devient une gageure après 45 ans.
Mon propos est ainsi avant tout de « NOUS AFFICHER »
et de lutter contre « l’invisibilité des femmes de plus de 45 ans» qui ont en moyenne encore trente ans à vivre. Elles peuvent les vivre de façon aussi extraordinaire qu’un homme de 45 ans à qui on dira qu’il est, lui, dans la fleur de l’âge. J’ai photographié ces femmes rencontrées au fil de l’élaboration de mon projet avec une mise en lumière sobre et frontale pour ce sujet sociétal et politique. Elles ont inspiré ce titre: « Ménopausées ? Et alors !?».
Ces photos sont accompagnées de verbatim recueilli lors des prises de vues. Le dispositif d’exposition ou de publication en presse prévoie de transmettre ces paroles. Chacune de ces femmes mérite la lumière. Et chacune la rend bien.
Caroline Fabre